Faits Historiques
189 avant J.-C.: Les habitants de Chios avaient, depuis très tôt, forgé des relations amicales avec les Romains, en prévoyant le rôle que les Latins allaient jouer dans l` histoire. En 189 avant J.-C., leur amitié fur rémunérée par la concession d` autonomie. Plusieurs citoyens Romains commencent à s` installer sur l` île de Chios, séduits par le climat et la prospérité économique, alors que bien des Grecs de Chios s` installent à Rome. Grâce à leur contribution, le mastiha produit sur l` île est exporté vers le capital de l` empire et le conquiert.
6ème siècle après J.-C.: Quand le siège de l` empire romaine fut transféré à Constantinople, cela a renforcé l` emplacement géopolitique de Chios, sur le croisement des voies maritimes qui unissait le nouveau capital à la Méditerranée. Au 6ème siècle après J.-C., il y avait sur l` île deux «commerces», à savoir marchés où se faisait la négotiation des produits locaux. L` un se trouvait dans la ville de Chios et l` autre à Emporios, un petit port au sud de l` île. C` était par Emporios que le mastiha était exporté.
Début du 14ème siècle: La République de Gênes affrontait des troubles internes. Comme les réserves des fonds avaient été vidées, les gouvernants ont demandé l` assistance des entrepreneurs privés. Vingt-neuf citoyens aisés ont répondu à l` invitation, ils ont muni vingt-neuf bateaux et se sont mis à la disposition de la République. Leur cible était l` île qui produisait le fameux mastiha. En avril 1346 ils ont assiégé la forteresse de Chios et trois mois après, les notables qui la défendaient, issus des familles Zyvos, Agelastos, Koressis, Damalas, Argentis et autres, ont capitulé en échange du droit de maintenir leurs terres et leurs privilèges. Malgré cette victoire, la République de Gênes avait toujours des problèmes financiers et n` était pas en mesure de rémunérer les 29 entrepreneurs-«sponsors» pour leurs services. Dès lors, afin de rembourser ses dettes, elle leur a concédé l` exploitation de Chios et s` est limitée à une simple suzeraineté. Les 29 ont fondé une société appelée Maona di Scio, ayant pour objet la gestion des recettes provenant de l` île. Le siège de la Maona à Gênes était le palais des Giustiniani. Les Giustiniani ont gouverné Chios pendant deux siècles et ont influencé l` île plus que tout autre conquérant.
Début du 16ème siècle: La Maona a poursuivi de grandes entreprises à Chios. Elle a bati, a fortifié, a fourni de l` eau, a organisé et puis a exploité les bénéfices des investissements en se faisant une fortune infinie. Afin de maintenir le prix stable, la Maona assurait que la production annuelle du mastiha ne dépasse pas le plafond de 30 tonnes. En fait, elle n` hésitait pas à imposer la baisse de la production lorsqu` elle voyait que le prix régressait. L` excédent de chaque récolte restait dans des entrepôts jusqu` à l` an suivant. Si la nouvelle récolte était suffisante, l` excédent de l` année passée devait être brûlé ou jeté dans la mer. Dans le cas contraire, ils retenaient juste la quantité nécessaire pour compléter la production totale visée. La Maona ne s` occupait point du commerce de détail du mastiha; elle vendait simplement la production. Au début du 16ème siècle, les Giustiniani était obligés de lutter en même temps contre les Vénitiens et les pirates Turcs. Les dépenses excessives de la guerre les ont conduits au bord de la faillite, ce qui les a obligés à céder à la Banque de Saint Georges une partie des actions de la Maona, ainsi que le droit d` exploitation de Chios. Ils ont juste retenu le monopole du mastiha, qui continuait à rendre 30.000 ducats par an. Mais cela n` était pas suffissant pour empêcher leur chute.
Souveraineté Ottomane: Le Sultan Selim II a gardé pour lui-même et pour ses successeurs le revenu le plus stable provenant de Chios, à savoir l` «entreprise du mastiha». Il a fait passer un décret obligeant les villages du mastiha – Mastihohoria – à lui remettre 25.500 kilos de mastiha annuellement. En échange, il les a exemptés de tout impôt, à l` exception de l` impôt par tête qu` il continuait à percevoir bien que réduit. Pour que les cultivateurs soient contents, il leur a permis d` avoir des cloches sur leurs églises et de continuer à porter leur turban blanc traditionnel. A l` époque des Ottomans, la production annuelle atteind 38.000 kilos. Un fait innovateur permis par les Ottomans était le droit d` administration autonome qu`ils ont concedé aux 21 Mastihohoria. Chaque village élisait ses propres notables, dont le service était d` une durée annuelle. Les notables géraient les fonds communautaires, collectaient les impôts, veillaient au respect des moeurs et avaient le droit d` arrêter et de punir les contravenants. Ce qui était le plus important, ils décidaient combien de mastiha chacun devrait contribuer afin de compléter le montant pour l` impôt du sultan. Lors de leur réunion annuelle, les notables de tous les villages déterminaient le temps de récolte du mastiha et élisaient deux inspecteurs, responsables pour les contacts avec les Turcs et particulièrement avec le gouverneur local Turc (et collecteur de l` impôt du mastiha). La récolte du mastiha commençait simultanément dans tous les villages. Tout au long de sa durée, les routes conduisant aux Mastihohoria étaient contrôlées par les gardes du gouverneur. Il était interdit à toute personne étrangère de passer, alors que les habitants locaux étaient minutieusement fouillés afin d` exclure toute tentative de contrebande. Début novembre, le gouverneur local faisait le tour des villages pour collecter le mastiha. En cortège et au milieu du retentissement des tambours et d` autres instruments – une coutume restée depuis l` époque des Génois – le mastiha était transporté à la forteresse de Chios. Ceux qui voulaient en acheter s` adressaient au directeur de douane, qui leur remettait, à son tour, la quantité demandée, bien scellée. Le mastiha non scellé était considéré comme volé.
1822 – 1850: Les Ottomans étaient les souverains de Chios pendant quatre siècles et demi. Malgré cette durée temporelle significative, ils ont influencé la vie de l` île bien moins que les Génois. A part quelques mots et très peu de batiments, leur plus grande «intervention» sur l`île était surtout le massacre de 1822. A partir de l` an 1830, les Ottomans s` efforcent de faire rentrer à Chios tous ceux qui avaient pu s`évader et se sauver du massacre. En 1835, le sultan Mohamed II, en remplacement des anciens firmans «perdus au cours des événements bien connus» (sa façon discrète de se référer au massacre), retourne aux villageois de Mastihohoria les privilèges qui leur étaient concédés par ses prédécesseurs. Ce qui est bien caractéristique, en plus, c`est que l` impôt payé en mastiha reste stable pendant 300 ans! C` est l` époque de progrès au sein de l` Empire Ottomane. Les notables gouvernant les villages du mastiha s`en rendent compte et en 1848, au cours d` une réunion historique qui a eu lieu à Panagia Sikelia, décident de demander la libération du commerce du mastiha. Ainsi, de par la médiation des gens originaires de Chios qui habitaient à Constantinople, Chios acquiert finalement le droit de vendre son produit sur le marché libre, alors que les impôts sont dorénavant payés en monnaie et non plus en mastiha. Le nouvel état de choses fut confirmé par firman en 1850 par le Sultan Abdul Mezit.
1912: L` annexion de Chios au nouvel état grec eut lieu en hiver de 1912. L` armée grecque a débarqué à l` est de Chios début novembre et est arrivé jusqu`à la ville de Chios sans affronter de la résistance considérable. Les Mastihohoria étaient les premiers à être libérés. Sykoussis fut saisi sans combat le 14 novembre, alors que les habitants de Kalamoti ont capturé eux-mêmes le gouverneur Turc et sa garde. Les villageois de Mastihohoria les plus courageux se sont armés des fusils qu`ils avaient saisis par les ennemis et accompagnés par les habitants des villages de Kampos (ou Kampohora) ils ont formé un corps militaire basé à Lithi. Ils défendaient les routes en direction du sud de Chios, de sorte à ce que les Turcs regroupés au nord, sur le mont Epos, ne puissent pas s` approvisionner par là. Le corps des villageois de Mastihohoria, bien que dépourvu d`expérience militaire, a bien défendé sa position, surtout quand le capitain Crétois G. Perros, un homme bien habile, a pris le commandement en chef avec ses 50 braves. La reddition officielle de Chios à l` armée grecque eut lieu le 21 novembre 1912.
1941: En 1941 Chios fut occupée par les Allemands. En hiver l` île souffrait de famine, donc un groupe d`hommes distingués s`est rendu en Turquie pour négocier l`échange du mastiha contre des aliments. Ils ont conclu un accord qui, pourtant, ne s`est pas finalement réalisé car les Allemands ont saisi le mastiha destiné à l` échange et l` ont vendu pour leur propre compte. Pendant l` Occupation, le commerce du mastiha se faisait sur mandats émis par les autorités allemandes. En fait, ces mandats étaient souvent accordés aux vendeurs du marché noir, en échange d` informations concernant la situation sur les côtes d` en face. Ceux-ci échangeaient le mastiha en Turquie contre des aliments, qui pourtant n` arrivaient pas à Chios mais étaient livrés aux Cyclades, à Samos et au Pirée, où les prix obtenus étaient meilleurs.